Troy (le vrai nom de Trombone Shorty est Troy Andrews, nda), tu as commencé à jouer de la musique alors que tu étais très jeune. Peux-tu revenir sur cette période de ta vie ?
J’ai commencé à jouer alors que j’avais 4 ans (Trombone Shorty est né le 02 janvier 1986, nda).
Mon éducation musicale m’a été prodiguée par mon frère, James Andrews, qui est trompettiste.
J’ai eu la chance, tout au long de ma carrière, de jouer avec des personnes très différentes.
Cependant, c’est à la Nouvelle-Orléans que j’ai « fait mes armes » en participant à de nombreux projets. Ce sont ces derniers qui ont parfait mon savoir-faire en la matière et c’est grâce à eux que j’ai appris à lire et à écrire de la musique. Au fils de ces expériences je suis, à chaque fois, devenu un meilleur musicien.
Te souviens-tu de la première musique que tu as entendue ?
Je pense que c’était, alors que j’étais tout enfant, dans la maison familiale.
Il y avait énormément d’instruments autour de moi et il m’arrivait d’en saisir un afin d’en jouer.
Je me souviens également avoir été très marqué par une marche funéraire, une « jazz funeral » (tradition funéraire musicale propre à la Nouvelle-Orléans, héritée de pratiques spirituelles africaines ainsi que de traditions de musiques militaires françaises et espagnoles, nda).
Tout un groupe se déplaçait lentement dans une rue qui jouxtait notre domicile, c’était très émouvant et cela m’a profondément touché.
Bien qu’étant un jeune artiste, penses-tu que la scène musicale de la Nouvelle-Orléans a beaucoup évolué depuis cette époque ?
Pas vraiment…
Juste un petit peu dans la mesure où il y a de nouvelles personnes qui apportent, à chaque fois, des approches inédites de la musique de la ville. Ce renouvellement est lié au talent de nombreux jeunes.
Sinon, je pense que les choses sont restées les mêmes même si dans l’ensemble le son est plus vigoureux et puissant.
Quand on aime la musique, c’est le meilleur endroit où l’on puisse se trouver. Il reste vraiment très « cool ». La Nouvelle-Orléans reste authentique et continue de s’ouvrir à toutes les musiques.
Où trouves-tu ton inspiration ?
Mon inspiration vient de nombreux endroits. J’ai la chance de beaucoup voyager ce qui constitue, pour moi, une source intarissable. Il m’arrive aussi de trouver des idées en regardant un film, en assistant à des concerts ou en écoutant différents musiciens. Cela peut venir de partout, de beaucoup de choses et à n’importe quel moment. Le fait d’être assis, ici et maintenant, à tes côtés peut m’inspirer et me pousser à écrire quelque chose de joyeux. Tout me vient naturellement, que cela évoque des choses positives ou négatives. Si je marche dans la rue, je peux trouver de nouvelles idées par exemple. Cela peut aussi être le cas dans une chambre d’hôtel ou dans mon bus de tournée.
Actuellement, quels sont les artistes qui ont le plus d’influence sur toi ?
Il y a Lenny Kravitz, Stevie Wonder, Lil’ Wayne, Jay-Z et différentes personnes telles que celles-ci. Tous ces artistes sont formidables !
Tu surnommes ta musique le « supafunkrock », que cela évoque-t-il exactement ?
C’est un « gumbo » (plat typique de la Louisiane aux nombreux ingrédients et qui mélange divers types de viandes et de crustacés, nda) musical qui mêle un trombone au milieu d’un groupe de rock, tout en respectant les traditions musicales de la Nouvelle-Orléans. Cela veut dire que toutes les influences de la « cité du croissant » sont présentent dans ce style. Cela va du jazz au funk…
Quels sont tes expériences professionnelles dont tu es le plus fier ?
Je suis simplement fier de pouvoir jouer de la musique et de continuer à le faire avec beaucoup d’amour. Avoir ceci au fond de moi est ma plus grande fierté. Je me considère béni de pouvoir le vivre en voyageant à travers le monde entier. C’est aussi une grande satisfaction de pouvoir montrer une facette de la Nouvelle-Orléans à autant de gens.
Je suis fier d’être un représentant de cette ville formidable !
Ressens-tu de grandes différences entre le fait de te produire, avec ton groupe, sous ton propre nom et le fait d’accompagner de grandes stars ?
Ce sont deux choses importantes…
J’ai eu la chance de vivre des expériences très diversifiées et je les trouve toutes très enrichissantes, à partir du moment où je suis sur une scène.
Tout m’apporte de la satisfaction, comme le fait d’avoir commencé au sein d’un marching band (type de fanfare, principalement constituée de cuivres et de percussions, très fréquente en Louisiane, nda) dans les rues de la Nouvelles-Orléans.
Le fait de se retrouver sur de grandes scènes aux sein de formations très importantes est, bien sûr, également très grisant. Cependant, je prenais autant de plaisir lorsque je me produisais sur des scènes plus petites. Tu sais, à partir du moment où je peux faire du bruit, je me sens bien !
Tu as fait des apparitions dans la série télévisée Treme (formidable programme qui retrace la vie des habitants et musiciens du quartier de Treme, trois mois après le passage de l’ouragan Katrina et trois mois avant le carnaval de la Nouvelle-Orléans, nda), cette expérience devant les caméras a-t-elle été un bon souvenir ?
C’était vraiment « fun » de pouvoir jouer mon propre rôle. C’est une bonne représentation de ce qu’est la Nouvelle-Orléans, c’est très « cool ». C’est aussi un travail très difficile qui demande beaucoup de discipline mais c’est vraiment une grande satisfaction de montrer aux téléspectateurs, à travers le monde, ce qu’est vraiment la Nouvelle-Orléans. C’est « fun » !
Le résultat est donc très proche de la réalité…
Oui, absolument, très proche…
Tout ce que j’ai pu voir est très authentique. Tout se qui se dégage de la Nouvelle-Orléans a parfaitement été capté au sein de cette série.
Peux-tu revenir sur ce qui constitue, à ce jour, ta discographie ?
Je pourrais te citer « Orléans & Claiborne » (2005), « The End of the Beginning » (2005), « Backatown » (2010), « For True » (2011)… Je crois qu’avec mon groupe ou en solo, j’ai du faire 4 à 5 albums… Je figure également sur de nombreux disques d’autres artistes, puisque j’ai participé à de nombreuses sessions en tant qu‘invité.
Il y en a vraiment beaucoup, je ne pourrais pas te donner le chiffre exact…
Nda : La biographie officielle de l’artiste fait état de 8 albums enregistrés en studio (dont deux sous le nom de Troy Andrews, un avec son frère James et un dernier avec le Stooges Brass Band) et de 4 albums enregistrés en public (tous lors d‘éditions du New Orléans Jazz & Heritage Festival). Ses collaborations sont, quant à elles, effectivement très nombreuses, de Jeff Beck à Harry Connick .Jr en passant par U2, Green Day, Lenny Kravitz etc…
Aurais-tu un message en particulier pour ton public européen ?
Je remercie mon public européen. J’apprécie particulièrement tout l’amour que je reçois à chacune de mes venues. Je me sens, à chaque fois, béni d’être invité à participer à toutes ces manifestations. J’espère avoir la possibilité de continuer durant toutes les années à venir… Je ferai le maximum pour cela…
Remerciements : Sophie Louvet et Christine Filippi (service de presse du Cognac Blues Passions) et Bruno Migliano pour les photos.
www.tromboneshorty.com
www.myspace.com/tromboneshorty
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